Ce rapport est le fruit d’entretiens avec plusieurs centaines d’interlocuteurs, tant Congolais qu’étrangers, qui ont été témoins des atrocités commises dans le pays. Il documente leurs témoignages et reflète leurs aspirations à la justice. Cependant, aucun rapport ne peut vraiment décrire les horreurs vécues par la population civile au Zaïre, aujourd’hui devenu République démocratique du Congo (RDC), où presque chaque individu a une expérience de souffrance et de perte à relater. Dans certains cas, des victimes sont devenues auteurs de crimes et certains responsables de crimes ont été eux-mêmes victimes de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans un cycle de violence qui n’est pas encore terminé. Le rapport est destiné à représenter les actes de violence graves qui ont affecté – directement ou indirectement – une vaste majorité de la population vivant en RDC. Bien qu’il ne vise ni à établir de responsabilités individuelles ni à jeter le blâme, le rapport- en toute candeur- reproduit les récits souvent choquants des tragédies vécues par les victimes et témoins. Le rapport se veut un premier pas, après un violent conflit, vers un processus de vérité parfois douloureux mais nécessaire.
Ce rapport dresse un état des lieux du système de justice en RDC, basé sur des points de vue de différentes parties prenantes du système de justice, y compris de ceux qui ont été victimes de ses carences. Il présente un certain nombre d’options à considérer à la fois par les acteurs congolais et les acteurs internationaux dans la tâche difficile de réforme de la justice, confrontée à de multiples défis. Il plaide pour un engagement renouvelé du Gouvernement à s’assurer que la justice devienne l’un des piliers fondamentaux de la démocratie congolaise. Enfin, il se tourne vers l’avenir en identifiant plusieurs chemins que pourrait emprunter la société congolaise pour composer avec son passé, lutter contre l’impunité et faire face aux défis présents de façon à empêcher que de telles atrocités ne se reproduisent.
A travers leurs témoignages inscrits dans ce rapport, les Congolais ont démontré leur engagement vis-à-vis de la vérité et de la justice. L’impact final de ce projet dépendra des actions de suivi par le Gourvernement et le peuple de la RDC. Bien qu’il appartienne en premier lieu au Gouvernement de la RDC et à son peuple de définir et mettre en œuvre une approche sur la justice transitionnelle, ils doivent aussi pouvoir compter à cet égard sur le soutien de la communauté internationale. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme restera un partenaire engagé de la République démocratique du Congo dans la quête essentielle d’une véritable paix durable.
Navanethem Pillay
Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme