Section I > CHAPITRE II. Juillet 1996-juillet 1998 : Première guerre et régime de l’AFDL
- B. Nord-Kivu
- Sud-Kivu
- Province Orientale
- Maniema
- Katanga
- Equateur
- Kasaï occidental
- Bandundu
- Kinshasa
- Bas-Congo
178. À partir du mois de juillet 1996, les éléments armés banyamulenge151/tutsi, qui avaient quitté le Zaïre afin de suivre un entraînement militaire au sein de l’Armée patriotique rwandaise (APR) au Rwanda, et des militaires de l’APR ont entamé, via le Burundi, leurs opérations d’infiltration dans la province du Sud-Kivu et, à travers l’Ouganda, leurs opérations de déstabilisation du Nord-Kivu. Les premiers accrochages sérieux entre les FAZ et les infiltrés ont eu lieu le 31 août 1996 près d’Uvira dans la province du Sud-Kivu. Le 18 octobre, le conflit a pris un tournant nouveau avec la création officielle à Kigali d’un mouvement armé affirmant vouloir chasser du pouvoir le Président Mobutu, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL)152. Sous le couvert de l’AFDL, dont les propres troupes, l’armement et la logistique étaient fournis par le Rwanda, les militaires de l’APR, de l’Uganda People’s Defence Force (UPDF) et des Forces armées burundaises (FAB) sont entrés en masse au Zaïre et ont entrepris la conquête des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu et du district de l’Ituri153.
179. Au cours de cette conquête fulgurante, les éléments de l’AFDL, de l’APR et des FAB ont attaqué et détruit tous les camps de réfugiés hutu rwandais et burundais installés dans les environs d’Uvira, de Bukavu et de Goma. Plusieurs centaines de milliers de réfugiés rwandais sont retournés au Rwanda mais des centaines de milliers d’autres ont, tout comme les ex-FAR/Interahamwe, pris la fuite en direction des territoires de Walikale (Nord-Kivu) et de Shabunda (Sud-Kivu). Pendant plusieurs mois, les militaires de l’AFDL/APR se sont lancés à leur poursuite, détruisant systématiquement les camps de fortune des réfugiés et persécutant tous ceux qui leur venaient en aide.
180. À partir de décembre 1996, le Gouvernement de Kinshasa a tenté de mener une contre-offensive à partir de Kisangani et de Kindu avec l’aide des ex-FAR/Interahamwe. La réorganisation de l’armée zaïroise en déliquescence s’est cependant avérée impossible à mettre en œuvre en un temps aussi court. Renforcées à partir de février 1997 par des militaires katangais opposés au Président Mobutu et ayant servi dans l’armée gouvernementale angolaise (les ex-Tigres) depuis les années 1970, ainsi que par des enfants associés aux forces et groupes armés (EAFGA)154, communément appelés les « Kadogo » (« les petits » en swahili), recrutés au fil des conquêtes, les troupes de l’AFDL/APR/UPDF ont réussi à prendre le contrôle de Kisangani le 15 mars 1997 et celui de Mbuji Mayi et Lubumbashi au début du mois d’avril. Après la chute de Kenge au Bandundu, les troupes de l’AFDL/APR et leurs alliés sont arrivés aux portes de la capitale et le Président Mobutu a dû se résoudre à quitter le pouvoir. Le 17 mai 1997, les troupes de l’AFDL/APR sont entrées dans Kinshasa et le 25 mai, le Président de l’AFDL, Laurent-Désiré Kabila, s’est autoproclamé Président de la République, rebaptisant en même temps le pays « République démocratique du Congo ». En quelques mois cependant, les mesures autoritaires prises par le Président Kabila, la remise en cause des contrats signés avec plusieurs entreprises étrangères et le refus de coopérer avec l’équipe spéciale envoyée par le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies pour enquêter sur le massacre des réfugiés dans l’est congolais ont fait perdre au nouveau régime ses principaux soutiens sur le plan international.