Section II > CHAPITRE II. Actes de violence commis contre les enfants
Les actes de violence décrits dans la section I du présent rapport ont touché un grand nombre d’enfants, et ce pour de multiples raisons et de plusieurs façons. Lors de la commission de crimes internationaux contre les civils, les enfants sont toujours affectés car ils représentent presque la moitié de la population1192. Ils sont les victimes exclusives de certains crimes, tels que le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats dans des hostilités. Ils sont parfois forcés de commettre eux-mêmes des crimes. Et dans les zones de conflit, ils sont souvent encore plus vulnérables parce que la violence supprime leur première ligne de défense – leurs parents. Même lorsqu’ils ne sont pas des victimes directes, le fait de voir leurs parents tués ou violés, leurs biens pillés et leurs lieux d’habitation incendiés laisse en eux de profonds traumatismes. Les déplacements à répétition les rendent plus vulnérables à la malnutrition et aux maladies. Leur jeune âge et leur virginité en font des cibles de croyances et superstitions abjectes, qui prétendent notamment que les relations sexuelles avec des enfants permettent de soigner certaines maladies ou rendent les violeurs invincibles. En dernier lieu, la guerre les prive généralement de leur droit à l’éducation et compromet ainsi leur avenir de façon durable1193.
En 1996, l’étude de Graça Machel sur l’impact des conflits armés sur les enfants1194 a montré comment les conflits armés sont dévastateurs, blessant leur corps et détruisant leur esprit. L’héritage de l’horreur de la guerre continue de toucher les enfants longtemps après la fin des hostilités, notamment à cause de l’instabilité de l’existence des réfugiés et déplacés, la présence de mines anti-personnel, la destruction des infrastructures et la propagation du VIH /sida.
Sur tout le territoire de la RDC, entre 1993 et 2003, les enfants n’ont pas échappé aux vagues de violences successives qui ont déferlé sur tout le pays. Bien au contraire, ils en ont été les premières victimes.
Conclusion
Toutes les parties au conflit en RDC ont recruté et utilisé des EAFGA. Ceux-ci ainsi que les autres enfants ont subi des violences indescriptibles, telles que les meurtres, les viols, la torture, les traitements cruels, inhumains et dégradants, les déplacements forcés ainsi que la destruction de leurs villages, entre 1993 et 2003 et ont été privés de tous leurs droits. Cette situation perdure.
Au moment de la rédaction de ce rapport, le recrutement et l’utilisation d’EAFGA est toujours une réalité. Ainsi en mai 2009, le Groupe d’experts sur la RDC dénonçait le recrutement répété d’enfants, notamment par la force, par le CNDP, par des groupes Mayi-Mayi, par les PARECO, les FDLR et les FARDC1322. Plus généralement, lors de sa visite en RDC en avril 2009 la Représentante spéciale du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a déploré le fait que l’impunité en cas de violations graves commises contre les enfants continue1323 . À la même époque, pour la septième année consécutive, des parties au conflit en RDC ont été citées dans le rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés. À cette occasion, des représentants de 62 associations de parents basées à Goma et des organisations congolaises à l’est du Congo, ont exprimé leurs inquiétudes liées au drame vécu par les enfants dans cette zone de conflit, surtout par rapport à la violence sexuelle contre les enfants, aux attaques contre les écoles et au manque d’éducation pour une quasi génération de Congolais1324.
Les enfants de la RDC ont trop souffert et laisser perdurer cette situation risque de créer une nouvelle génération qui n’aura connu que la violence et la violence comme moyen de résolution du conflit, ce qui compromettra ainsi les chances de paix durable en RDC.